Adopter un Griffon, qu’il s’agisse d’un petit Bruxellois espiègle ou d’un robuste Korthals taillé pour la chasse, c’est accueillir un compagnon au caractère bien trempé et au look inimitable. Cependant, derrière cette frimousse expressive et ce poil dur se cachent des prédispositions médicales spécifiques que tout propriétaire averti doit connaître. Loin d’être des animaux fragiles, les Griffons possèdent une constitution généralement solide, mais leur génétique et leur morphologie particulière les exposent à certains troubles de santé. Comprendre ces mécanismes, savoir repérer les premiers signes cliniques et mettre en place une prévention adaptée est la clé pour offrir à votre compagnon une vie longue et sereine. Ce dossier complet explore en profondeur les affections qui ciblent cette famille de chiens, en vous apportant l’expertise nécessaire pour devenir le premier acteur de sa santé.
Les prédispositions respiratoires chez les variétés brachycéphales
Lorsque l’on évoque le Griffon Bruxellois, le Griffon Belge ou le Petit Brabançon, la caractéristique morphologique la plus frappante est leur face aplatie. Si ce « nez écrasé » participe à leur charme indéniable, il est aussi la source de leur principal talon d’Achille : le syndrome obstructif des voies respiratoires des brachycéphales (BOAS).
Comprendre le syndrome obstructif
L’anatomie crânienne de ces petits chiens comprime les tissus mous des voies aériennes supérieures. Concrètement, cela se traduit souvent par des narines sténosées (trop étroites), un voile du palais trop long qui obstrue l’entrée de la trachée, ou une trachée elle-même hypoplasique (de diamètre réduit). Contrairement à une idée reçue dangereuse, un chien qui ronfle bruyamment n’est pas « mignon », c’est un chien qui lutte pour respirer.
Les symptômes peuvent aller d’un simple ronflement au repos à une intolérance marquée à l’effort, des syncopes (évanouissements) ou une cyanose (langue bleue) lors d’excitation. Une surveillance vétérinaire précoce est indispensable. Dans certains cas, une intervention chirurgicale visant à élargir les narines et raccourcir le voile du palais peut transformer radicalement la qualité de vie de l’animal.
La gestion thermique et l’effort
Ce handicap respiratoire rend la thermorégulation difficile. Le halètement étant le principal moyen pour le chien d’évacuer la chaleur, un système respiratoire inefficace met le Griffon en grand danger lors des pics de température. Le coup de chaleur est une urgence vitale absolue chez ces races. Il est impératif d’adapter les sorties : privilégier la fraîcheur du matin ou du soir et éviter toute activité intense en plein soleil. De même, le stress, qui accélère le rythme respiratoire, peut déclencher une crise de détresse ; un environnement calme est donc préconisé.
Les pathologies oculaires : une surveillance nécessaire
Les grands yeux ronds et expressifs des petits Griffons, bien que captivants, sont anatomiquement exposés. Leur positionnement, souvent légèrement exorbité (proéminent), les rend vulnérables aux traumatismes extérieurs ainsi qu’à diverses affections génétiques.
Ulcères cornéens et traumatismes
En raison de la faible protection offerte par le museau court et de la proéminence des globes oculaires, la cornée est en première ligne face aux agressions. Une simple brindille, un coup de griffe lors d’un jeu ou même le frottement de ses propres poils peuvent causer des ulcères cornéens. Ces lésions sont extrêmement douloureuses et peuvent s’infecter rapidement si elles ne sont pas traitées. Un Griffon qui plisse un œil, qui larmoie excessivement ou dont l’œil devient trouble doit être vu par un vétérinaire dans la journée. L’entretien de la zone faciale est donc crucial pour éviter que les poils ne frottent constamment sur la cornée.
Atrophie Rétinienne Progressive et Cataracte
Sur le plan génétique, certaines lignées de Griffons sont prédisposées à l’Atrophie Rétinienne Progressive (ARP). Cette maladie dégénérative s’attaque aux cellules photoréceptrices de la rétine, conduisant inéluctablement à la cécité, d’abord nocturne, puis totale. Il n’existe malheureusement pas de traitement curatif, mais des tests ADN permettent aujourd’hui d’écarter les reproducteurs porteurs du gène.
La cataracte héréditaire est également fréquente, parfois chez des chiens relativement jeunes. Le cristallin s’opacifie, donnant à la pupille un aspect blanc laiteux et bloquant le passage de la lumière. Si elle est détectée tôt, une intervention chirurgicale peut permettre de restaurer la vision.
Troubles neurologiques : la Syringomyélie et la Malformation de Chiari
C’est un sujet grave et complexe qui touche particulièrement le Griffon Bruxellois. La Malformation de Chiari (CM) est une anomalie structurelle où le crâne est trop petit pour contenir la partie postérieure du cerveau (le cervelet), ce qui entraîne une hernie de ce dernier vers le canal rachidien. Cela perturbe l’écoulement du liquide céphalo-rachidien, créant des cavités remplies de liquide dans la moelle épinière : c’est la Syringomyélie (SM).
Les signes d’alerte à ne pas ignorer
Le symptôme le plus caractéristique est le « grattage fantôme » : le chien tente de se gratter le cou ou l’épaule sans que la patte ne touche réellement la peau, souvent en marchant. D’autres signes incluent une sensibilité extrême au niveau de la tête et du cou, des jappements de douleur soudains sans cause apparente, ou une faiblesse des membres. Le diagnostic définitif ne peut être posé que par IRM (Imagerie par Résonance Magnétique).
Bien que cette affection puisse sembler effrayante, les traitements médicaux (analgésiques, médicaments réduisant la production de liquide céphalo-rachidien) permettent souvent de gérer la douleur et d’offrir une qualité de vie acceptable. La sélection génétique rigoureuse par les éleveurs est le seul moyen de réduire l’incidence de cette pathologie dans la race.
Problèmes orthopédiques et articulaires
Que le Griffon soit un chien de salon ou un chasseur émérite comme le Korthals, son squelette peut être le siège de pathologies invalidantes.
La luxation de la rotule
Chez les petites variétés (Bruxellois, Belge), la luxation médiale de la rotule est un classique. La rotule sort de sa gorge fémorale, bloquant momentanément l’articulation du genou. On observe souvent le chien sauter sur trois pattes pendant quelques foulées avant de reposer le membre comme si de rien n’était. Si les stades légers se gèrent bien, les stades avancés nécessitent une chirurgie pour éviter l’arthrose précoce et la douleur chronique. Le maintien d’un poids de forme est essentiel pour ne pas surcharger ces articulations fragiles.
Pour aider à maintenir ce poids idéal et éviter la surcharge pondérale néfaste pour les rotules, il est crucial de bien doser l’alimentation. Vous pouvez consulter des recommandations précises sur quelle ration choisir pour un griffon afin d’adapter ses repas à son niveau d’activité.
La dysplasie de la hanche
Plus fréquente chez le Griffon Korthals ou le Nivernais, races de format moyen à grand, la dysplasie de la hanche résulte d’une mauvaise congruence entre la tête du fémur et le bassin. Cette laxité articulaire provoque une usure prématurée du cartilage et de l’arthrose. Les chiens atteints peuvent montrer une réticence à sauter, à monter les escaliers, ou présenter une boiterie à froid. Là encore, le dépistage radiographique des reproducteurs est la norme pour limiter la propagation de ce défaut génétique.
Affections dermatologiques et entretien du pelage
Le poil dur du Griffon est une protection formidable contre les intempéries, mais il nécessite un entretien spécifique pour éviter les pathologies cutanées. L’épilation (et non la tonte pour les poils durs) permet d’aérer la peau et d’éliminer le poil mort.
Allergies et infections
Les Griffons sont prédisposés aux dermatites atopiques, des allergies environnementales (acariens, pollens) qui se manifestent par des démangeaisons intenses, des rougeurs (notamment entre les doigts et au niveau des oreilles) et des otites récidivantes. Le grattage intempestif peut entraîner des surinfections bactériennes ou fongiques (levures).
Le nettoyage régulier des plis de la face (pour les brachycéphales) est obligatoire pour éviter l’intertrigo, une inflammation due à la macération de l’humidité et des bactéries dans les replis de la peau. Une routine de soins incluant le brossage permet non seulement de maintenir la beauté du chien mais aussi d’inspecter sa peau. Pour maîtriser les techniques adaptées, il est utile de se renseigner sur le brossage du griffon, une étape clé pour prévenir les problèmes dermatologiques.
Difficultés de reproduction
Il est important de noter que la reproduction chez les petits Griffons est délicate. En raison de la taille importante de la tête des chiots et de l’étroitesse du bassin des mères, les mises bas naturelles sont rares et risquées. La césarienne est souvent programmée ou nécessaire en urgence. De plus, les portées sont généralement réduites (1 à 3 chiots), ce qui explique en partie la rareté et le coût de ces races. Cette prédisposition aux dystocies (difficultés à accoucher) doit être prise en compte par quiconque envisage de faire reproduire sa chienne.
Prévention et hygiène de vie : les clés de la longévité
Face à ces tableaux cliniques parfois sombres, il ne faut pas céder à la panique. La grande majorité des Griffons vivent heureux et en bonne santé si leurs propriétaires sont proactifs. La prévention passe par des visites vétérinaires annuelles pour ausculter le cœur, vérifier les rotules et examiner le fond de l’œil. La vaccination et la protection antiparasitaire externe (puces, tiques) et interne (vers) constituent le socle de base de la santé canine.
L’hygiène bucco-dentaire est également un point critique, particulièrement chez les petites races sujettes au tartre. L’accumulation de plaque dentaire conduit à la maladie parodontale, qui peut causer la perte des dents mais aussi des infections cardiaques ou rénales via la circulation sanguine. Un brossage des dents régulier ou l’utilisation de friandises enzymatiques sont fortement recommandés.
En définitive, la santé du Griffon repose sur un triptyque : une génétique contrôlée (choix d’un éleveur sérieux effectuant les tests de santé), une hygiène de vie rigoureuse (alimentation, exercice modéré, toilettage) et une observation attentive du propriétaire. En étant vigilant aux moindres changements de comportement, de respiration ou de mobilité, vous serez le meilleur gardien de la santé de votre chien, lui permettant de profiter pleinement de sa vie à vos côtés.
Questions fréquentes sur maladies chien griffon
Quelle est l’espérance de vie moyenne d’un Griffon ?
L’espérance de vie varie selon la variété. Les petits Griffons (Bruxellois, Belge) vivent généralement entre 12 et 15 ans. Les plus grands types, comme le Korthals, ont une espérance de vie similaire, souvent autour de 12 à 14 ans, s’ils sont épargnés par les maladies graves.
Le Griffon est-il un chien fragile ?
Non, le Griffon n’est pas intrinsèquement fragile, c’est un chien rustique et vif. Cependant, les variétés brachycéphales (nez plat) craignent la chaleur et l’effort intense. Ils nécessitent une surveillance particulière des yeux et de la respiration, mais tombent rarement malades si ces précautions sont respectées.
Comment savoir si mon Griffon a des problèmes respiratoires ?
Les signes incluent des ronflements excessifs (même éveillé), une respiration sifflante, une intolérance à l’exercice (le chien s’assoit ou refuse d’avancer), des gencives bleutées ou des évanouissements. Si votre chien semble lutter pour inspirer de l’air, consultez immédiatement un vétérinaire.
La Syringomyélie est-elle fréquente chez tous les Griffons ?
La Syringomyélie associée à la malformation de Chiari concerne principalement les petits Griffons (Bruxellois, Belge, Petit Brabançon). Elle est beaucoup plus rare chez les grands Griffons de chasse comme le Korthals ou le Vendéen.
Peut-on prévenir les problèmes oculaires du Griffon ?
On ne peut pas prévenir les maladies génétiques (sauf par la sélection des reproducteurs), mais on peut prévenir les accidents. Il faut éviter les jeux brutaux, surveiller les contacts avec les chats ou les buissons épineux, et nettoyer les yeux quotidiennement avec du sérum physiologique pour éliminer les poussières irritantes.